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Chapitre gratuit : Psychologie de la séduction
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par Philippe Dylewski
« Un homme poursuit une fille jusqu’à ce qu’elle l’attrape. » -Irving Berlin
a) De quoi parlons-nous ?
Un bon départ serait déjà de savoir de quoi nous parlons. Ce qui n’est pas gagné. Amusez-vous à taper le mot « séduction » sur Google, et vous verrez apparaître des définitions à la tonne.
Personne n’est d’accord. Certains parlent d’attraction, de viol (si si), de manipulation, de mensonge, de techniques. Même « Le Robert » nous parle de corrompre.
Si je me contente de la définition de Wikipedia, j’obtiens :
« La séduction désigne, en sciences sociales, un ensemble de procédés de manipulation visant à obtenir une faveur, donner une image avantageuse de soi ou susciter délibérément une émotion, une admiration, une attraction, voire un sentiment amoureux de la part d’un ou de plusieurs individus. »
Je ne suis pas fan du coupage de cheveux en quatre, mais je n’aime pas cette définition car elle associe de façon intrinsèque la séduction à la manipulation. Il est vrai que la séduction peut être manipulatoire, mais elle ne l’est pas forcément. Par essence, la manipulation cherche à masquer son intention finale. Cela peut être le cas dans la séduction, mais ce n’est pas toujours vrai puisque je peux être totalement transparent dans mes intentions lorsque je cherche à séduire.
Alors puisque j’écris ce livre, je me donne le droit d’utiliser ma propre définition :
« La séduction est un ensemble de techniques comportementales, conscientes ou non, visant à obtenir les faveurs d’autrui. »
Sabini, de façon plus légère et subtile dit que le flirt, c’est « jouer aux échecs en prétendant juste aimer déplacer des pions ». Pour lui, le flirt serait une manière d’essayer de plaire, où chaque action pourrait être aussi interprétée comme une non-tentative de plaire, de manière à garder la face en cas de rejet.
Humains ou animaux, nous avons tous nos rituels de cour. Il s’agit d’un élément fondamental du répertoire sexuel humain, un moyen traditionnel de signaler son intérêt et son attirance, une sorte de langage silencieux ou pas, parlé par les hommes et les femmes du monde entier. Pas forcément de la même façon, c’est le moins qu’on puisse dire.
La façon dont les gens communiquent leur intérêt est profondément ancrée dans la nature humaine. Tous les êtres humains sont équipés du langage de la séduction, afin de répondre au commandement le plus fondamental de la nature : trouver un bon compagnon, croitre et se multiplier.
Le flirt, le mot sonne déjà plus légèrement que « drague » n’est pas une activité anodine. Cela exige bien des compétences : intelligence, langage corporel, créativité, empathie. Dans sa forme la plus aboutie, le flirt peut relever du grand art, que le flirteur soit en quête de l’âme sœur, qu’il manipule une potentielle proie ou qu’il soit simplement d’humeur badine.
Le processus de flirt permet à une personne de signaler son intérêt par petites touches, et aux deux parties de mesurer le niveau d’intérêt de l’autre. Le flirt est guidé par les émotions et l’instinct plutôt que par la pensée logique. Pourtant, des informations profondes sont transmises lors du flirt : les gestes et les mouvements utilisés lors du flirt peuvent fournir des indices fiables sur la santé biologique et psychologique d’une personne.
Même si j’apprécie le mot « flirt », son côté bien élevé et surtout désuet le renvoi à une autre époque. Il est associé dans mon esprit aux mèches « rockabilly » et aux Cadillac couleur pastel. Je reprends donc les mots « drague » et « séduction » car il y a du brut dans ces termes. Non pas du brut de violence, mais du cru, du vrai même dans la dissimulation et de l’authentique jusque dans ses fards. Nous n’avons pas 15 ans et plus personne ne porte de socquettes blanches.
Le plus souvent, les gens cherchent à séduire pour manifester leur intérêt pour quelqu’un et éventuellement nouer une relation.
Mais la recherche a en fait identifié six raisons spécifiques pour lesquelles les gens draguent :
1. Des raisons relationnelles – pour transformer une connaissance ou un ami en partenaire. Il faut donc ici se dévoiler afin de transformer la qualité d’une relation existante.
2. Motif d’exploration – pour évaluer si quelqu’un d’autre s’intéresse à nous. Ici, la finalité est dans le processus.
3. Le plaisir, parce que la séduction est un ensemble d’actes qui peuvent parfaitement prendre place dans une atmosphère ludique et pleine d’entrain.
4. Motifs instrumentaux – pour encourager quelqu’un à accomplir une tâche. La séduction est bien ici de la manipulation car je fais ressentir à l’autre qu’il est le phénix des hôtes de ces bois non pour ce qu’il semble- lui plaire -, mais pour obtenir un avantage.
5. Motif d’estime de soi. Je tente de séduire pour me rassurer. Ici aussi, la finalité est dans le processus.
6. Raisons sexuelles – pour obtenir un partenaire sexuel. Encore que ce point-ci peut à son tour se diviser en de nombreux autres. Du sexe oui, mais pour un soir ou pour la vie ? Et au fond, tous les points précédents peuvent à leur tour se retrouver ici.
La séduction n’est pas l’apanage des humains. Il y a de nombreux parallèles dans le monde animal, comme en témoignent les manifestations comportementales auxquelles se livrent de nombreux animaux pour signaler leur disponibilité et leur attirance. La parade nuptiale des animaux varie énormément d’une espèce à l’autre, allant de mouvements subtils à des manifestations somptueuses.
Les hippocampes pratiquent une danse qui peut durer jusqu’à 8 heures sans interruption, dans laquelle leurs trompes et leurs queues se lient. En quelques heures, l’hippocampe va changer de couleurs pour montrer qu’il est prêt à s’accoupler. Et ce n’est pas que de la frime car c’est lui qui portera les bébés au sein d’une poche qu’il aura sur son ventre.
Les parades amoureuses de nombreuses espèces animales donnent le sentiment que nos playboys de plage ont encore pas mal de boulot. Tous les chants, artifices, danses, changements de couleur ou même de forme sont au menu dans l’espoir d’une soirée « boum boum » avec Madame.
Mais la séduction n’est pas qu’un jeu. Elle a du sens, en tout cas du point de vue de l’évolution. Nos ancêtres avaient besoin d’un moyen de juger rapidement et en toute sécurité de la valeur des partenaires potentiels sans risquer une grossesse avec chaque candidat potentiel. Il fallait donc que la parade amoureuse humaine réponde aux besoins et interrogations de nos arrières arrières arrières…grands-mères. Les mécanismes de séduction ont permis au moins partiellement d’atteindre cet objectif, en offrant un ensemble de signaux relativement sans risques permettant de tâter le terrain et d’échanger des informations vitales sur la santé générale et l’aptitude à la reproduction des candidats.
L’alchimie qui consiste à créer une connexion entre deux personnes peut être subtile, passionnante, chaleureuse, humoristique et même excitante. La séduction combine le langage corporel – comme le sourire, le rire et le toucher – avec une conversation engageante et une écoute attentive, ce qui conduit finalement à un va-et-vient rythmé et ludique. Une parade mutuelle.
b) La séduction est-elle une science qui s’apprend ?
Comme pour beaucoup de gens, mon adolescence a été un désert affectif. Sans avoir un physique de jeune premier, j’étais pourtant ce qu’on peut appeler un beau garçon. Et sans que je comprenne pourquoi à l’époque, je fus longtemps parqué dans la catégorie peu enviable des potes des filles. La terrifiante friendzone. Comme j’avais une oreille accueillante, j’étais souvent le confident de celle que je convoitais.
Je constatais avec jalousie et rage que les plus jolies filles sortaient avec des types pas forcément beaux mais propriétaires d’un scooter ou d’une moto. Au début, je réagissais comme les autres garçons exclus du monde de la séduction, avec des phrases du genre « ha ben oui, moi aussi si j’avais un scoot, je… », « j’te jure les gonzesses, si t’as pas un scoot, t’existes pas ! » et autres balivernes qui expliquent nos échecs par des raisons que nous ne pouvons pas changer. L’impuissance programmée s’apprend tôt.
Heureusement pour moi, j’ai vite compris que trouver une explication à mes échecs n’allaient pas beaucoup m’aider à les surmonter. C’est dans la cour de mon lycée que je suis devenu un fervent adepte du « comment y arriver ? » plutôt que du « pourquoi est-ce arrivé ? ».
Je me suis aperçu que les gars qui avaient un scooter ou une moto n’avaient pas que ça. Ils avaient une attitude. Ils étaient beaucoup plus sûrs d’eux, plus extravertis et surtout bien plus directs. La moto était pour eux l’équivalent du stick de l’officier anglais. Une marque symbolique d’autorité qui les faisait se tenir droit. L’évènement véritablement déclencheur fut l’arrivée d’un nouvel élève. Forcément, il ne connaissait personne. Il était laid, assez grand, le crâne rasé et le visage piqueté d’acné. Il déclamait d’une voix grave des poèmes avec de grands gestes dans les couloirs. Sans la moindre honte, il mettait genou au sol dès qu’il croisait une jolie fille et déclamait quelques vers. Il devint le plus grand séducteur du lycée en seulement quelques jours. Et il n’avait ni moto ni scooter. Ce gars ne le sait pas, mais c’est grâce à lui que je me suis mis à étudier la psychologie de la séduction, ce qui m’amènera à la fac de psycho pour approfondir le sujet.
Pour répondre à cette question : existe-t-il des modèles de séduction et si oui, est-il possible de les apprendre et d’avoir un véritable impact ?
Exprimer son attirance à quelqu’un n’est pas une tâche facile. La peur de l’échec et du rejet hantent la plupart d’entre nous. Nous voudrions avoir beauté et aisance. La beauté peut dans une certaine mesure se travailler, mais ça n’est évidemment pas mon propos dans ce chapitre. L’aisance aussi s’apprend. Ce qui marche et ne marche pas aussi.
Ce qui est pénible, c’est que quand vous faites une balade en ligne, vous trouvez des centaines de sites sur la séduction. Premier inconvénient, ils s’adressent presque tous aux hommes et surtout, ils donnent des conseils basés sur…rien. L’autre inconvénient, et ici c’est bien plus personnel, c’est que sans être un féministe acharné, je ne me reconnais pas dans des sites qui considèrent que les femmes sont des proies à peine humaines.
Ce qui suit n’est pas un manuel de séduction. Il s’agit d’un état des lieux de la science, et principalement de la recherche en psychologie sociale, sur ce qui a un impact ou pas en matière de séduction. Parfois, il s’agit de détails, parfois de choses énormes. Mais elles ont toutes un point commun dans ce livre : elles ont été mesurées et étudiées par des chercheurs sur des groupes importants.
c) Si ça ne marche pas comme je veux, c’est la faute à qui ?
Romain remarque une jolie fille assise sur un tabouret. Elle a l’air de s’ennuyer, d’autant plus que ses copines juste à côté rigolent très fort. Peut-être même qu’elle semble un peu triste, en tout cas, elle semble ailleurs. Romain trouve ça vaguement sexy et mystérieux, sans trop savoir pourquoi.
Romain n’est pas un pro de la drague en boite. Il doit réunir tout son courage pour aller aborder Alice.
« Bonsoir, je cherchais une phrase d’accroche magique pour t’aborder, mais je n’ai rien trouvé. Mais j’aimerais bien faire ta connaissance. »
« C’est gentil, mais j’attends quelqu’un. »
Alice répond poliment, puis tourne la tête. Fin de l’échange.
Romain est vexé, mais ne le montre pas et il décide de ne pas insister. Dans sa tête, ça fait « Pour qui elle se prend celle-là avec son air coincé! J’te jure, les filles elles sortent en boite juste pour montrer leur cul ! Si elle n’a pas envie de parler, elle ferait mieux de rester chez elle. »
Bien entendu, Romain ne sait pas qu’Alice vient de se faire larguer par son copain, il y a deux jours à peine. Et pas de n’importe quelle façon. Alice a appris qu’elle était célibataire quand son chéri a simplement changé son statut sur Facebook. La claque ! Ses copines ont voulu lui changer les idées et elles l’ont trainée ici alors qu’elle voulait rester toute seule chez elle à pleurer et à regarder des bêtes films. C’est encore pire pour elle d’être ici en boite que chez elle, elle se sent encore plus seule. En d’autres temps, elle aurait bien parlé à ce garçon, plutôt mignon, mais elle a juste la force de respirer.
Alice est jolie, mais elle est loin d’être la plus belle du « Casino Rouge ». Sans doute que son côté absent lui donne un air mystérieux, voire inaccessible. Et ce qui est inaccessible a de la valeur, ou au moins de l’attrait.
Alex l’aborde dix minutes plus tard. Avec exactement le même résultat. Il est aussi en colère que Romain, mais pas du tout pour les mêmes raisons.
« Espèce de playboy à deux balles, bien fait pour ta gueule ! Est-ce qu’elle t’a regardé avant que tu ne l’abordes ? Non ! Ça se voyait quand même qu’elle n’est pas dispo. T’as voulu montrer que t’es le plus fort, ben maintenant c’est tout vu. La prochaine fois, utilise tes yeux avant de foncer dans le mur. »
Ce qui distingue Romain d’Alex ? Le premier a un centre de contrôle externe, l’autre un centre de contrôle interne.
En matière de séduction, il s’agit probablement du facteur le plus important. Celui dont personne ne parle.
Julian B. Rotter a développé le concept de locus de contrôle, ou centre de contrôle, en 1954. Il désigne le degré auquel les gens croient avoir le contrôle sur l’issue des événements de leur vie. Il existe deux types de locus de contrôle : interne et externe.
Les personnes ayant un locus de contrôle interne croient qu’elles contrôlent les résultats de ce qui leur arrive. Elles sont convaincues que ce qui leur arrive ou ce qui va leur arriver dépend essentiellement d’elles. Alex se prend un râteau avec Alice et s’en rend totalement responsable. Il pense qu’il ne peut plus changer la situation avec Alice, ce en quoi il a probablement raison, mais en profite pour tirer une leçon sur ce qu’il fera la prochaine fois qu’il abordera une inconnue. Alex sait très bien qu’il ne peut pas maitriser tout ce qui lui arrive dans la vie mais il est convaincu que, quoi qu’il arrive, la suite des évènements dépend de lui. Il considère que quand quelque chose ne fonctionne pas comme il veut, c’est qu’il a fait une erreur. Et il apprend de ses erreurs.
Les personnes ayant un locus de contrôle externe pensent que ce qui leur arrive ou va leur arriver dépend du hasard, de facteurs environnementaux, de la chance, du destin ou des actions des autres. Romain se prend un râteau avec Alice et l’en rend totalement responsable. L’inconvénient de cette croyance, c’est qu’à l’avenir Romain ne changera pas son comportement d’abordage, au risque d’obtenir inlassablement le même résultat, jusqu’au moment où il abandonnera, plein de rancœur à l’égard des femmes en général. L’avantage pour lui est de ne ressentir aucune culpabilité ni d’avoir à se remettre en question, ce qui est très reposant.
« Que vous pensiez que vous pouvez, ou que vous pensiez que vous ne pouvez pas – vous avez raison ». – Henry Ford
Alors, vaut-il mieux avoir locus interne ou externe ? Les psychologues de tout bord ont montré à travers un certain nombre d’études qu’avoir un centre de contrôle interne permettait d’obtenir d’innombrables bénéfices :
Université : Les étudiants avec un locus de contrôle interne obtiennent de meilleures notes, passent plus de temps à étudier, et sont globalement plus satisfaits de leur vie.
Sport : Les athlètes avec un locus de contrôle interne ont une plus grande ténacité mentale, sont moins stressés et se fixent plus fréquemment des objectifs réalistes. Je ne pense pas qu’il existe beaucoup d’athlètes de haut niveau ayant un centre de contrôle externe. Presque tous s’en veulent quand ils performent de façon médiocre selon leurs critères et s’entrainent encore plus dur ou autrement, souvent les deux.
Addiction : Les personnes avec un locus de contrôle externe tendent à être plus souvent dépendantes de comportements ou substances néfastes.
Santé : Les individus avec un locus de contrôle interne sont moins susceptibles d’être en surpoids, et ont généralement une meilleure estime d’eux-mêmes. Ils sont aussi moins enclins à vivre une dépression sévère ainsi que de l’anxiété.
Lee et McKinnish ont étudié des couples au fil du temps et ont constaté que le locus de contrôle interne est lié à la satisfaction conjugale.
Le centre de contrôle est un trait à géométrie variable. Selon Miller & Ross, la survenue d’un échec, sera davantage imputé à l’environnement social, au destin,…si l’explication dénigre ses propres compétences. En revanche, si cet échec touche une personne tierce, les sujets tendront davantage à le tenir comme responsable de cet échec, et par conséquent, de ses actes. De même que quand on demande aux gens d’expliquer pourquoi ils ont réussi quelque chose, ils ont majoritairement tendance à en imputer des facteurs internes. Alors que les échecs sont souvent expliqués via des facteurs externes.
N’hésitons pas un instant à tomber dans la caricature. Prenons un homme et une femme, tous les deux insatisfaits de leur vie sentimentale.
Beaucoup d’hommes diront à propos des femmes en général:
• Elles ne savent pas ce qu’elles veulent
• Elles ne sont jamais contentes
• Elles ne s’intéressent qu’à l’argent et aux belles voitures
• Sur les sites et App de rencontres, elles ne répondent jamais aux messages. Elles ne sont pas là pour rencontrer quelqu’un, mais juste pour faire mousser leur égo »
Beaucoup de femmes diront à propos des hommes :
• Ils ne pensent qu’au sexe
• Ils ne veulent pas s’engager
• Ils veulent juste s’amuser
• Ils ne sont pas romantiques
Peu importe si ce qui précède est vrai ou faux. Ce qui compte, c’est que beaucoup de gens y croient. Vous remarquerez que tous ces points sont de l’ordre du centre de contrôle externe, c’est-à-dire que la responsabilité du problème est mise sur l’autre partie.
L’inconvénient majeur d’une telle croyance, c’est que si le problème est de la faute de l’autre, il n’y a aucune chance de pouvoir changer les choses. Le centre de contrôle externe a cependant des avantages : il vous préserve du sentiment de culpabilité et n’exige aucune remise en cause de soi.
Il n’y a pas que des avantages à avoir un centre de contrôle interne. Les gens ayant un fort centre de contrôle interne peuvent se sentir coupables, inconfortables et penser qu’il est toujours possible de faire ou d’avoir mieux et donc de n’être pas facilement satisfaits.
Remarquez à quel point, en dehors de la vie sentimentale, le locus de contrôle externe est prépondérant dans bien des aspects de notre vie, lorsque nous avons un problème avec :
- Notre conjoint
- Un voisin
- Un collègue
- Un responsable hiérarchique
- Notre travail
- …
Autour de vous, quand les gens sont confrontés à l’un de ces problèmes, passent-ils davantage de temps à s’en plaindre ou à chercher à comment changer les choses ?
Nous avons très souvent tendance à trouver une explication au problème où nous ne faisons pas partie du problème. Ce qui a comme conséquence immédiate que nous ne ferons pas partie de la solution.
Il est important de noter que le locus de contrôle se mesure sur un continuum, car personne n’a un locus de contrôle interne ou externe à 100 %. De même, si le centre de contrôle est normalement assez stable dans le temps, il peut être sujet à évolution.
Lorsque j’anime des séminaires en entreprise, il m’arrive souvent de demander aux participants « qui, dans sa carrière, a déjà vécu des abus de pouvoir de la part d’un supérieur hiérarchique ? » Puis, je leur demande pourquoi ces abus se produisent. Dans 99 % des cas, je reçois ces réponses :
- Parce que c’est un incompétent
- Parce qu’il n’a rien à dire chez lui
- Parce qu’il est mis sous pression par sa hiérarchie
- Parce qu’il aime ça
- Parce que c’est un salaud
- Parce qu’il veut montrer qu’il a du pouvoir
- Parce qu’il ne sait pas comment faire autrement
Ensuite, je leur demande quel est le point commun à toutes ces réponses. Il y en a toujours un pour sortir « ben, tout est de la faute du manager ». Et si tout est de la faute du manager, qu’est-ce que vous pouvez faire pour changer les choses ? A part changer de job, rien. Parce que quand vous vivez une situation difficile et que vous êtes convaincu que c’est la faute de quelqu’un d’autre, il y a quand même peu de chances que cette personne change spontanément.
Je vous ai dit que 99% des participants donnaient des réponses de type « centre de contrôle externe ». De temps en temps, mais ça reste très rare, à la question « pourquoi y a-t-il des abus de pouvoir », quelqu’un me répond « parce qu’on se laisse faire ».
Qui est une réponse totalement de type « centre de contrôle interne ». Et aussi la seule réponse qui peut amener à un changement de la situation. Avec de bonnes ou de mauvaises conséquences.
Dans la sphère du sentiment amoureux et de la séduction, le développement d’un centre de contrôle interne est indispensable, si vous voulez voir votre situation changer. Tant que vous penserez que ce qui vous arrive est de la faute des autres, de votre origine ou de votre statut social, rien ne bougera.
Regarder ses points faibles en face est douloureux. Développer un centre de contrôle interne est un exercice parfois pénible. Se remettre en cause après chaque échec, chaque rebuffade, demande beaucoup de force. Mais c’est la principale voie pour atteindre ses objectifs.
d) Séduction et communication non verbale
La recherche montre que le langage corporel joue un rôle important dans la formation des premières impressions, de la communication des intentions (Hecht, Devito, Gueriero, & Spitbek), et a un rôle régulateur dans la progression des contingences de la relation (Givens).
On accorde plus de crédit aux indices non verbaux qu’aux indices verbaux (Archer & Akert; Argyle, Alkema, & Gilmour). La raison en est très simple : il est infiniment plus facile de mentir avec les mots qu’avec notre comportement non-verbal. Et même si nous ne sommes pas tous des spécialistes de l’analyse du comportement non-verbal, nous avons tous tendance à nous fier davantage à ce que nous observons qu’aux mots entendus.
Imaginons cette simple phrase: « je serai très content de te revoir ».
Est-ce que nous allons simplement nous contenter d’écouter les mots ou bien allons-nous aussi observer chez notre interlocuteur le visage, le sourire, le regard, la façon de se positionner, l’intonation ?
D’après les recherches de Hall, les femmes, en particulier, sont très sensibles aux messages non verbaux. Des études d’observation indiquent que la sollicitation dans les interactions de cour est principalement faite par la femme, grâce à des messages non verbaux. L’homme peut souvent avoir le sentiment d’avoir initié l’interaction, mais il le fait souvent à l’invitation, parfois à peine perceptible, de la femme.
Nous verrons que bon nombre de problèmes sont causés par les mauvaises interprétations de ces comportements non-verbaux.
Kendon a filmé un couple assis sur un banc de parc pour enregistrer le rôle des indices non verbaux dans la progression du premier baiser. Il a constaté que c’était le comportement de la femme, en particulier ses expressions faciales, qui modérait le comportement de l’homme.
Grammer, Kruck, Juette et Fink ont également montré que les femmes influencent les rencontres amoureuses par des signaux non verbaux. L’analyse des interactions amoureuses a montré que les femmes s’orientent vers un répertoire non verbal cohérent à la fin d’une rencontre amoureuse et que la quantité de présentation de soi verbale de l’homme varie en fonction du comportement non verbal de la femme.
Moore a analysé les signaux non verbaux dans plusieurs contextes afin d’établir un catalogue de signaux non verbaux de sollicitation des femmes. Lorsqu’une femme envoyait certains signaux non verbaux (par exemple, un contact visuel suivi d’une fuite immédiate du regard), il a été constaté que ces signaux entraînaient directement ou indirectement l’approche et/ou le maintien de l’attention d’un homme. Dans la phase d’attention (sollicitation de l’intérêt) et de reconnaissance (reconnaissance de l’intérêt) de la parade nuptiale (Givens), les gestes initiaux de contact non verbal sont effectués plus fréquemment par les femelles que par les mâles.
Les femelles attirent l’attention en montrant des signaux subtils de sollicitation non verbale. Ces signaux sont importants car, comme l’a constaté Crook, les mâles hésitent à s’approcher d’une femme en l’absence d’un contact visuel important et d’indications non verbales d’intérêt (voir également Cary).
Ainsi, c’est généralement l’homme qui fait le premier pas pour engager une conversation verbale avec une femme qu’il ne connaît pas, mais seulement s’il a reçu les signaux non verbaux appropriés de la part de la femme. Ces résultats sont logiques étant donné que les femmes, avec leur investissement reproductif plus élevé (Trivers), sont susceptibles d’être les » sélectionneurs » et, par conséquent, les initiateurs du processus de séduction.
Moore a demandé à deux observateurs formés d’observer discrètement plus de 200 femmes dans des bars pendant environ 30 minutes chacune, et d’enregistrer les « signaux de sollicitation non verbaux » de ces femmes. Les chercheurs ont défini ces signaux de sollicitation comme « un mouvement d’une ou plusieurs parties du corps ou du corps entier qui a suscité l’attention d’un homme ». L’attention masculine était également définie comme un homme s’approchant de la femme, lui parlant, l’invitant à danser, ou même (dans quelques cas) l’embrassant.
À partir de ces observations, Moore a identifié 52 comportements non verbaux que les femmes utilisent pour signaler leur intérêt potentiel pour un homme.
Attention, si vous prenez séparément chacun des comportements suivants, ils ne signifient pas forcément que vous vivez un grand moment de séduction. Par exemple, si vous voyez une femme danser seule sur la piste, ça ne veut pas dire qu’elle est en pleine séance de roucoulade. Elle peut tout simplement avoir envie de danser seule. Il s’agit d’indices et c’est la multiplicité des indices qui rend le sens pertinent.
Parmi ces comportements, les plus fréquents chez les femmes sont les suivants :
1. Danse solitaire : Assise ou debout, la femme bouge son corps au rythme de la musique.
2. Regard englobant la pièce : La femme regarde autour d’elle pendant environ 5 à 10 secondes, sans établir de contact visuel avec les autres.
3. Regard court et fuyant : La femme a jeté un regard latéral de 2 à 3 secondes vers un homme qui l’intéressait.
4. Fixation du regard : La femme a établi un contact visuel avec un homme qui l’intéresse pendant plus de 3 secondes.
5. Rotation de la tête : La femme a renversé sa tête vers l’arrière et a brièvement levé son visage vers le haut.
6. Retournement de cheveux : La femme a levé une main et l’a passée dans ses cheveux.
7. Sourire : Les coins de la bouche étaient tournés vers le haut, montrant parfois des dents.
8. Présentation du cou : La femme a incliné sa tête d’un côté, à environ 45 degrés, exposant le côté opposé de son cou.