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Sécurité au travail : si je suis pressé, je m’en fous de toi
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par Philippe Dylewski
Des chercheurs ont décidé d’étudier les étudiants du séminaire théologique de Princeton. Pendant trois jours, les chercheurs ont demandé à un groupe d’étudiants du séminaire de se rendre dans un bâtiment et de rencontrer un chercheur. Ensuite, les participants ont été informés qu’ils devaient préparer un bref exposé sur le Bon Samaritain de la Bible – qui raconte comment une victime infortunée sur le bord de la route a été ignorée par un groupe de personnes saintes.
Les participants ont tous été informés qu’ils devaient se rendre à pied dans un bâtiment voisin pour y retrouver un autre membre de l’équipe et y faire leur sermon. Ils ont ensuite, par hasard, été déterminés dans l’une des trois conditions suivantes. Soit on leur disait qu’ils : A. avaient beaucoup de temps et qu’ils étaient en avance. B. étaient à l’heure, mais qu’ils devaient s’y rendre maintenant pour ne pas être en retard. C. qu’ils étaient en retard et qu’ils devaient vraiment se dépêcher. Tous les participants ont trouvé sur leur chemin un inconnu couché sur le sol dans une ruelle étroite. La ruelle ne faisait qu’un mètre de large. Donc pour ne pas aider cet homme, il fallait l’enjamber ! La variable « contrainte de temps » a eu la plus grande importance. 63 % des participants à la condition « avoir le temps » se sont arrêtés pour aider l’inconnu. 45 % des participants à la condition « à l’heure » se sont arrêtés pour aider l’inconnu. 10 % des participants à la condition « en retard » se sont arrêtés pour aider l’inconnu. Ceci est plutôt terrifiant car les participants étaient des étudiants de Princeton qui étudiaient pour devenir prêtres ET sur le point de donner une conférence sur les leçons du bon Samaritain de la Bible !
Il s’avère qu’un facteur situationnel simple en apparence, à savoir le fait d’être pressé ou non, a joué un rôle prépondérant dans la détermination de ce qu’une personne allait faire. Cette recherche nous apprend quelque chose de terrible pour la sécurité : mettez les gens sous pression et ils oublieront majoritairement, en un claquement de doigts, toutes leurs valeurs humanistes. L’entraide, l’empathie, l’attention aux autres et à la sécurité, tout ça disparait dès qu’une personne a une contrainte de temps.