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Sécurité au travail : vis ma vie d’accidenté
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par Philippe Dylewski
Vous êtes dans un avion peu avant le décollage. L’hôtesse demande aux passagers de boucler leur ceinture de sécurité. La plupart des passagers obtempèrent, mais pas tous. Mais même ceux qui mettent leur ceinture le font sans aucune motivation, sans chercher à serrer la ceinture, profondément convaincus que cette ceinture ne sert à rien. Votre voisin affirme héroïquement qu’en cas de crash, cette maudite ceinture ne servirait qu’à le couper en deux. Peu après, vous avez droit à la minute sécurité, qui selon toute probabilité, ne méritera pas plus d’une seconde de votre attention. D’une part parce que c’est souvent aussi captivant que la lecture de l’annuaire bulgare, et d’autre part, vous vous dites que si l’avion tombe, ça ne changera pas grand-chose.
Une demi-heure après le décollage, l’avion rentre subitement dans une zone de turbulences et votre estomac se met à faire du trampoline. En moins d’une demi seconde, vous avez non seulement mis votre ceinture de sécurité mais vous l’avez serrée assez fort pour vous donner une taille de guêpe. Votre fougueux voisin est en prières.
Aucune explication au monde, aussi convaincante soit-elle, n’aurait pu avoir un tel impact sur votre comportement.
Cette scène, que vous avez déjà probablement vécue est fort éclairante. On vous explique comment vous mettre en sécurité, ici dans un avion, et vous n’y prêtez aucune attention mais quand une situation de potentiel danger apparait, vous vous empressez de faire ce qu’on n’a pas encore eu le temps de vous demander (« attachez votre ceinture de sécurité s’il vous plait »).
On peut donc penser que vivre une situation a bien plus d’impact, en termes de changement de comportements, qu’une simple explication.
Et si on parvenait à faire vivre la sensation de l’accident sans faire courir le moindre danger aux salariés, que se passerait-il ?